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SEC

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Sec !

Je vous le dis : c’est sec !

Tel est le (triste) constat de départ de cette journée de réflexion organisée par la Chambre d’Agriculture Nord ce jour. Tout le gratin de la région en était, sous-préfet jusqu’au préfet de région Georges Leclerc, toutes et tous venus s'interroger sur une conciliation entre agriculture et l'eau...

 

Que faut-il retenir de cette journée ?

Nous affrontons un double problème, à la fois quantitatif et qualitatif sur la ressource eau à l’heure actuelle.

 

Jugez par vous-même. Problème quantitatif d'abord, il n’a guère plu dans notre Nord Pas de Calais depuis janvier si l’on considère la même époque de l’année dernière où les nappes étaient nettement plus rechargées. Nous démarrons une nouvelle saison avec des nappes phréatiques bien entamées.

 

Difficile de prévoir la suite. Mais les inquiétudes sont là.

 

Un problème qualitatif aussi. Si des progrès ont été réalisés sur les nitrates depuis quelques années, force est de constater qu’un palier résiste contre la baisse. Il faudrait encore accentuer les efforts...

 

Mais en écoutant les intervenants, et surtout ensuite les murmures des couloirs, j’en suis arrivé au constat suivant : chaque agriculteur fait face à ses particularités pour ne pas dire ses singularités. Chaque champ a son assolement, sa culture, son climat, sa géolocalisation. Mais si les situations sont particulières les problèmes sont généraux. Pas assez d’eau et de qualité inquiétante.

Comment gérer toute cette histoire ?

 

Les interlocuteurs émettent quelques avis convergents. Ainsi la FNSEA propose de renforcer la recherche avec l’INRAE, d’accompagner humainement les acteurs de nos filières, trouver des solutions de crédit (car il faudra investir) et introduire une manière de gestion de risque, peut-être par une politique d’assurance.

 

La recherche ! Voilà quelque chose qui me tarabuste. Le reste tombe presque sous le sens. Et je critique. Nous autres du monde agricole, sommes souvent taxés de sous-technicité, et il faudrait nous aider par la précision qui dit du numérique par exemple.

 

D’abord la complexité de nos métiers est telle qu’elle implique non seulement des questions techniques, mais encore des questions de santé publique, légales, sécuritaires, politiques, économiques, environnementale etc... Aucun métier ne mêle tout cela avec autant de force !

Les questions relatives au monde agricole dépassent de loin les simples questions techniques !

Je ne connais pas métier en réalité plus complexe que les nôtres !!! Nous ne sommes peut-être pas aussi « purs » de toutes questions humaines que les sciences dites exactes... Mais la réalité est là, la technique ne peut ici se détacher du reste.

 

Fort de mes revendications sur la recherche j’interroge autour de moi. « La recherche, me dit-on, non. Nos problèmes techniques sont simples, ils s’étalent dans la longueur, une molécule reste longtemps dans le sol... » Soit ! Qu’à cela ne tienne est ma réponse, faites donc des recherches sur la gestion du temps dans le nettoyage des sols !

Puis une autre remarque : « Oui mais ce qui nous inquiète pour la biodiversité, c’est la rupture sèche entre la surface et la profondeur... avant il y avait un gradient humide entre les deux, il n’y avait pas cette coupure... » Mais, dis-je, recherchez en ce sens ! Dans des labos d’astronomie on modélise la collision entre deux galaxies. Qu’attendez-vous pour modéliser des sols ! Il y a un boulevard ouvert à la recherche !

 

 

 

Puis plus tard dans la journée, surprise de voir qu’apparemment UniLaSalle Beauvais a modélisé des sols, sans doute de manière rudimentaire encore, mais il me semble que l’idée est en train de faire son chemin. Quoiqu’il en soit, sur ce point je ne manquerai pas de questionner Marc Andrés Selosse, le plus grand pédologue actuel en France, puisqu’en principe j’ai l’honneur de le rencontrer la semaine prochaine.

 

Des questions de politique disions-nous. Toujours en « off », j’entends que désormais les industriels s’offrent des puits privés... Ont-ils le droit ? Je l’ignore, mais le captage semble échapper à la régulation. Le business débarque dans l’affaire, la pagaille n’est pas près de reculer ; les demandes de prélèvements d’un million de mètres cubes par an se multiplient ! Les investisseurs sont là.

 

En outre, pas un jour dans le Nord sans que je ne sache combien de mètres carrés de béton étouffent les sols. Un lotissement, une surface industrielle, un parking, un hangar etc.... Effrayante artificialisation des sols... Apparemment il n’est pas question d’arrêter, tant que les surfaces agricoles utiles sont préservées.

 

Bref, pas de solution universelle à un problème qui pourtant l’est. C’est ainsi que cinq captages passent dans une nouvelle catégorie dite ultra prioritaire ; ils seront l’attention de toutes les autorités désormais. Et attention, il ne faut pas s’y tromper : si l’appel au volontariat des collectivités locales n’est pas suivi d’effet, le dispositif de ZSCE – « Zone Soumise à Contrainte Environnementale » – peut entrer en vigueur. Désormais l’Etat pourra décider d’imposer aux collectivités qui n’obtiendraient pas des résultats probants, de cesser toute activité polluante autour des champs captant. Purement et simplement, et ceci quelle que soit l’activité.

 

Nul doute qu’un gros travail de communication sera à mettre en place...

 

Depuis le début de cet article j’insiste sur la généralité d’un problème et les particularités des situations qui en sont à l’origine. Il y a bien une difficulté majeure à aligner tous les comportements et toutes les situations. Mais tout comme la chaine trophique concentre les polluants, les industriels qui traitent les denrées agricoles concentrent le problème. Bien souvent ils le gèrent à coup de cahier des charges. C’est ainsi qu’on arrose les champs de pomme de terre pour assouplir la terre au moment de la récolte et laver des pommes de terre, livrées à tel transformateur... Alors que parfois la nappe est presque à sec... Non-sens total ! Je ne sais pas ce qui est fait au niveau des industriels pour les sensibiliser. Mais il y a une part de responsabilité qui doit retomber sur leurs épaules ne serait-ce qu’à la lecture de ce dernier exemple.

 

Toutefois, je pense qu’il faudrait remonter au consommateur, en associant les associations si ce n’est pas déjà le cas.

 

Quoiqu'il en soit derrière cela se profile le plan eau dont l'exécutif actuel a fait état récemment. Attention.. là aussi de nouvelles mesures vont tomber. 




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