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REFLEXION : Une filière agricole idéale existe-t-elle ?
Peut-on imaginer une filière agricole globale vertueuse, idéale, ou bien - au contraire, pareille perfection n’est qu’une prétention humaine ? Je vais donner ma réponse utopique...
Une « filière » est une succession d’étapes à franchir pour arriver à un but. Mais de quel but s’agit-il ici ? Celui de l’agriculteur qui veut peut-être juste vivre, celui de l’industriel ou du distributeur chérissant son chiffre d’affaire, celui du politique avide de pouvoir ? Celui du consommateur qui attend de son pain qu’il soit un médicament ? Celui de l’écologiste qui nous estime trop éloignés de la nature ?
Nul bien fédérateur ici.
Dans la Cité idéale des Anciens le philosophe – seul connaisseur du vrai Bien – gouvernait de droit, tandis que l’agriculteur était gouverné de fait.
Mais on soupçonne vite que le pouvoir est le véritable enjeu de pareil système, qui a vite fait de tourner à la loi du plus fort...
Dans nos filières, qui sont les plus « forts » ?
Qu’une poignée de multinationales tiennent les flux globaux globales est la réalité. Très impliquées dans le trading aux rivières d’or, elles gouvernent les matières premières... Comment ? Ce qui pilote la décision chez elles, c’est le surplus de fin de campagne, réel ou estimé : excédentaire, les cours baissent, déficitaire les cours s’envolent. Ne reste plus qu’à convertir tout cela en « position » sur les CBOT et autre EURONEXT. Le reste en découle. Maîtriser l’information des stocks, c’est le secret de la réussite.
Un stock de report se mesure sur un marché, un pays, une exploitation pourquoi pas, etc… Un rapport de force s’établit ainsi entre ceux qui ont de « trop » et ceux qui n’ont « pas assez ». Ce rapport se transpose alors à toute échelle de négos, où s’ajoutent des risques politiques, économiques, sociaux et même techniques...
Quel imbroglio... Et par pitié, aucun frein à ce jeu !
La filière idéale semble alors bien définitivement perdue. Si tout est rapport de force au lieu d’idéal, que faire ?
Origine de toutes forces, la nature est plus forte encore que l’homme. Les agriculteurs vivent cette vérité. Le pouvoir étant le problème dans une filière comme en toute politique, les "forts" l’ont bien compris. Les "faibles", ne seraient juste bons qu’à se couvrir derrière des lois... Et qu’un responsable de syndicat agricole soit à notre époque ce que le seigneur était au moyen âge atteste cette maxime.
Si le problème est le pouvoir, peut-on alors envisager une filière où il soit réparti pour le bien commun ?
Voici ma réponse : je gage que le jour viendra où le stock de report de la planète devra être un outil de politique agricole mondial, sans plus être la pompe à fric de quelques joueurs. Qui se souvient encore de 1973 ? Je suis surpris pour ma part du peu de leçon que nous tirons de notre passé économique.
Je vous ai donné ma réponse utopique. Elle est loin du simple débat « communistes vs. libéraux », ce serait bien trop réducteur.
Merci de votre attention.
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