Pierre-Marie Courtin

PIERRE-MARIE COURTIN, UNE PRESENCE AFFIRMEE AU SEIN DE L'ISA

Un sacré personnage que ce Pierre-Marie Courtin qui réfute le qualificatif de «figure emblématique» de l’ISA, - «tant d’autres le méritent plus que moi», un personnage assurément porte-parole de l’ISA dans le monde de l’enseignement supérieur, de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de l’environnement.

Trente-deux à l’Isa, une aventure qu’il ne pouvait imaginer quand il était jeune. L’ISA lui a permis de faire éclore ses talents, son imagination, sa créativité, son dynamisme pour servir l’enseignement et la formation des jeunes. C’est avec beaucoup de joie que l’AI revient pour vous, sur son parcours qui a contribué à la construction de notre formation d’ingénieurs ISA.

 

La genèse d’un parcours professionnel étonnant
… et « qui m’étonne encore aujourd’hui, quand j’y repense ». Les circonstances de la vie, - marié jeune, quand il était encore étudiant en fac d’histoire à la Catho et très vite père de famille -, ont conduit Pierre-Marie à prendre à 20 ans un poste d’enseignement d’histoire-géographie dans un collège en classe de 6ème et de 5ème. « J’étais étudiant et enseignant, et suis tombé en amour de l’enseignement ».
Fini les projets de paléographe, d’archéologue ou de journaliste… Ensuite, il enseignera en lycée, toujours à Lille. Un enfant, puis un deuxième…, Pierre-Marie devient papa de 5 enfants en 10 ans. Pour arrondir les fins de mois, il assure des cours de culture générale à l’ESAD (Ecole Supérieure d’Attachée de Direction). Il a ainsi mis un pied dans la porte de l’Université Catholique de Lille, et progressivement, en parallèle de son travail en collège et lycée, il dispensera des cours dans d’autres écoles (Iec, Ieseg, Edhec…) et à la Fac de sciences économiques de la « Catho ». C’est par ce biais, qu’il fait la connaissance de Pascal Codron, récemment nommé directeur des études de l’ISA : « On a sympathisé, on s’entendait bien, et un jour, en 1983, il m’a appelé pour venir travailler à l’ISA. Je ne voyais pas bien ce que je pouvais faire dans une école d’ingénieurs en agriculture… ».


Premier pas à l’ISA
Pierre-Marie va d’abord assurer, deux heures par semaine, le TD de sociologie en troisième année, en fait une grande enquête sur la Rupture. L’année suivante, c’est un CDD à mi-temps dans le département de formation humaine que développe Jacqueline Vandecandelaere. Le grand saut (avec la démission de l’enseignement secondaire) ne tarde pas… Embauché à temps plein en 1985, Pierre-Marie fera d’abord des cours d’expression écrite et orale, un TP de recrutement (cv et entretien), s’investira dans les visites de stage en exploitation agricole et deviendra responsable de la Rupture en présidant la commission paritaire qui statue sur la validité des projets de Rupture des étudiants. « Je découvre des étudiants créatifs, toniques, n’ayant pas peur de partir à l’autre bout du monde. » Des visites de stages en entreprise et des suivis de MFE… « Et je prends mon pied, je passe une partie de mon temps sur le terrain et découvre l’agriculture, l’agroalimentaire, le monde scientifique, le monde l’ingénieur. »


Vers une intégration rapide et un investissement presque sans limite.
Pierre-Marie apprécie l’esprit d’ouverture qui règne alors à l’ISA et s’y sent accueilli. Il respecte et apprécie beaucoup Monsieur Dusautois, qui deviendra un de ses modèles, avec le directeur du collège de ses débuts. En 1992, quand Pascal Codron le remplace à la direction de l’école, celui-ci confie à Pierre-Marie la responsabilité d’un nouveau service, le service Communication. Un nouveau métier, qu’il apprend sur le tas, pour Pierre-Marie… C’est alors le relookage complet de l’image de l’ISA, avec un nouveau logo et le fameux base-line « Ingénieurs pour la Terre », encore vivant aujourd’hui.
Pendant 20 ans, il créera les outils de communication de l’école, sillonnera la France pour arpenter les salons de l’Etudiant, les salons et foires agricoles en région, comme Terres en Fête et la Fête du lait au Quesnoy, le Salon de l’Agriculture et de nombreux salons professionnels : « Quel bonheur de ’’sacrifier’’ de nombreuses soirées et de nombreux week-end ! De plus, le micro à la main ! Quel pied ! »
En 1995, c’est la création d’ISActu, distribué à tous les étudiants et tous les salariés, 356 numéros au compteur quand Pierre-Marie part en retraite. Sous sa houlette aussi, les cérémonies de remise des diplômes prennent une autre ampleur et deviennent l’événement de l’année. « ISActu et la cérémonie de diplômes étaient pour moi, les deux grands piliers pour parler de l’ISA ». Et l’ISA, il pouvait en parler partout… Par sa présence dans nombre de manifestations agricoles, agroalimentaires et environnementales, par des créations d’outils de communication, des conférences, des colloques et des assemblées générales pour des entreprises ou des organismes professionnels (CCI de Lille, Crédit Agricole, les JA 59 et 62, FDSEA, Api, Gabnor, les entreprises de travaux agricoles, Prestilem, CE2A devenu Agren, Savoir Vert, Saveurs en or, Marché de Phalempin et tant d’autres…). Pierre-Marie a donné une visibilité très professionnelle de l’ISA. Le mot ISA a été sur des quantités de cartons d’invitation.


Le recrutement des élèves, une nouvelle corde à son arc

En 1996, il remplace Bruno Guermonprez, alors directeur des études, dans une mission-clé pour une école d’ingénieur : le recrutement des élèves-ingénieurs. Ah les dossiers d’admissions, les entretiens, le concours Fésic, la mise en place des entretiens pour l’admission en 1ère année… « Gérer les admissions… Pas simple mais passionnant ! » En 2013-2014, Pierre-Marie quitte le service Communication et prend la responsabilité de toutes les admissions (Ingénieur ISA, Itiape, les licences et les masters du Goupe ISA), tout en gardant la rédaction d’ISActu et les cérémonies de diplômes, ses deux « bébés ».
Dans ces plus de trente ans à l’ISA, Pierre-Marie se souvient aussi de trois « aventures pédagogiques », dont il a été surpris, et si heureux, de faire partie : Le Master Cheng en Chine, d’abord, mis en place par Jacques Leclerc du Sablon (ISA promo 12), « pour qui j’ai créé les outils de communication et pour qui je suis allé à Kun-ming dans le Yunnan, pendant quinze jours lors de sa création… » Renfort ensuite, une formation animée avec brio par Bruno Guermonprez, à la demande des organismes agricoles et qui avait pour but de former des agriculteurs à y prendre des responsabilités.

Dans ce cursus en trois ans, Pierre-Marie enseigne la communication écrite et orale écrite. « Ah, le voyage d’études au Pérou et la publication avec chaque promo d’un recueil de portraits d’agriculteurs. ». La troisième « aventure» est assurément la plus importante, l’Isfrada, qui avait pour vocation de former des jeunes diplômés (bac +5) de Roumanie, puis de Serbie, de Bulgarie, de Russie et de Moldavie pour des entreprises françaises désirant s’y implanter. « Vous vous rendez compte, pendant quinze ans, j’ai participé aux recrutements, à Moscou, Sofia, Belgrade, Bucarest, de futurs cadres. Et puis, chaque année, j’allais faire cours de français à Iasi ou à Bucarest… Quel pied ! A la base, j’suis un p’tit prof d’histoire-géo, moi ! Dans mon for intérieur, je suis un enseignant, un transmetteur de savoir … j’ai été professeur toute ma vie. »

A l'occasion des 25 ans de l'ISA en 1988, 5ème en partant de la droite

 

L’homme des grands événements
Pour nous les ingénieurs, Pierre-Marie fut le chef d’orchestre des remises de diplômes, mais aussi des manifestations festives qui ont jalonné la vie de l’ISA. Le premier fut le 25ème anniversaire, en 1988, associé à l’inauguration des locaux rue du Port. Cet événement fut l’objet d’une UV Communication (Unité de Valeur). Durant un an, des étudiants ont planché sur l’organisation dans les détails de cette manifestation. « A l’ISA, tout est sujet à la formation des jeunes » … Il y eut ensuite l’organisation du quarantième anniversaire, - 847 ingénieurs étaient présents - corrélé avec l’inauguration cette fois-ci du bâtiment rue Norbert Ségard. Les manifestations du 50ème anniversaire ont été étalées au fil de
l’année scolaire 2013-2014 : 6 « Grands amphis », organisés par les différents départements de l’école, un colloque, un concert au théâtre Sébastopol, des expositions. Les ainés d’entre nous se souviennent de la journée qui a rassemblé les 5 premières promotions, notamment de la rencontre avec la 51ème promotion - un pont entre les générations -, et de la plantation symbolique d’un arbre devant l’ISA. Un regret cependant : la soirée de gala a dû être annulée à cause des inscriptions qui se faisaient attendre.

 

L’élève-ingénieur au coeur d’un triptyque : terrain, innovation et adaptation
Pour Pierre-Marie, l’ISA a été un lieu de création permanente, pour que l’élève-ingénieur et sa formation soit au coeur du système. Le métier de base de l’ISA est la création de formations, de contenus, d’options, de nouveaux cursus. « C’était l’innovation pédagogique permanente, insiste Pierre-Marie. Quand je suis arrivé à l’ISA, il n’y avait qu’une formation, avec option et sans spécialisation, celle d’ingénieur. Quelle évolution en trente ans ! Les Domaines d’Approfondissement, les spécialités, la formation par apprentissage, les licences et Masters… » Pierre-Marie a participé à la politique forte de stages : « Nous accordions une grande place aux stages, occasion de visites régulières par les enseignants, d’où la bonne connaissance du terrain et notre adaptation aux évolutions ». Les étudiants étaient accompagnés par les responsables d’année. Il a été aussi responsable de la quatrième pendant une dizaine d’années. Autre point important pour Pierre-Marie, les enseignants-chercheurs : la recherche et la prestation de service aux entreprises étaient indispensables pour irriguer l’acte de formation. « Les enseignants-chercheurs étaient le matin dans les labos et l’après-midi ils donnaient cours, sans que la dynamique de la recherche ne prenne le dessus sur l’enseignement, elle l’accompagnait… »

 

Une aventure humaine dans les coulisses de l’ISA
Pierre-Marie se réjouit d’avoir croisé à l’ISA de « grands bonhommes », qui l’ont marqué : René Dusautois, Pascal… et tant d’autres, des secrétaires et assistantes efficaces et chaleureuses, des professeurs « vieux routiers » épatants, de jeunes professeurs motivés, capables d’évoluer. Les visites d’entreprises, de fermes étaient une source d’informations qui étaient réinvesties dans les contenus. La bonne connaissance du terrain a facilité les évolutions. Et puis, « On s’aimait bien, il n’y avait pas de conflits de chapelle ». Il y avait parfois des tensions, mais le comité de direction élargie veillait aux grains. Il rassemblait le directeur et les directeurs adjoints (Recherche, Etudes et Finances/Ressources humaines), les responsables de départements, de laboratoires e de services : « Au total, nous étions 16 à nous retrouver 1 fois tous les 15 jours le lundi matin. C’était un peu le conseil des ministres, et je crois que je n’en ai pas loupé beaucoup. » Les équipes se voyaient souvent tant pour le travail que pour faire … la fête. Il y avait une bonne ambiance de travail, un bel esprit de camaraderie : « Je ne suis jamais allé à l’ISA avec des pieds de plomb ».


A l’ISA, de supers étudiants
Pierre-Marie ne tarit pas d’éloges pour les étudiants : « Ils sont bien, ces étudiants. Ils ont tous les défauts des étudiants, pas toujours assidus, mais c’étaient des bons gars et des filles supers, des jeunes bien dans leur peau qui savaient pourquoi ils étaient là. Ils avaient un projet assez clair, qui se précisait doucement, et étaient reconnaissants de l’accompagnement qu’ils recevaient. » Les rapports étaient simples et respectueux. Après deux ans à l’ISA et une Rupture, ils avaient bien changé, ils étaient
matures. « Je garde un souvenir tout particulier des étudiants qui participaient à la commission Rupture : on se voyait tous les mardis avec un sandwich et on recevait 10 étudiants par séance qui nous présentaient leur projet… »

« On connaissait bien nos élèves et on pouvait s’adapter à leurs besoins et appréhender la manière dont nous devions évoluer. » L’ISA, c’était un processus permanent d’évolution.


L’ISA, une belle école d’ingénieur
C’est ainsi que Pierre-Marie résume et qualifie l’ISA : « Il y avait des candidats, puis des étudiants en nombre suffisant, avec un bon niveau pour constituer de belles promotions. Il y avait des professeurs heureux, des étudiants heureux, aimant leur école et qui trouvaient du travail. » L’ISA était une école reconnue dans les milieux professionnels, ouverte à l’international et avec une bonne capacité de recherche. « J’espère bien que toutes ces qualités resteront dans la nouvelle structure Junia, tout comme l’Adn de l’ISA qui est, pour moi, ’’Le futur ingénieur au coeur du système, l’adaptation permanente aux évolutions du monde professionnel et à la mondialisation grâce à la politique du terrain et à l’innovation, enfin le sentiment d’appartenance ’’. »


Et après cette vie à « 1 000 à l’heure »
Pierre-Marie a su s’arrêter brutalement pour partir en retraite, avec un peu de stress devant le vide, vite dissipé, et avec beaucoup d’espérance… « Une bonne santé, une belle présence auprès de mon épouse et de mes petits-enfants, une vie associative riche dans le monde des collectionneurs… Et tout va bien aujourd’hui ! » … Ah la collectionnite aiguë ! Les protège-cahiers publicitaires des années 1950, les couvertures de cahier des années 1880-1920, les dessins animaliers de Benjamin Rabier, le père de Gédéon et de la Vache qui rit, et, depuis peu, l’oeuvre de Francisque Poulbot (1875-1946) … Des livres, des conférences, des expositions… La prochaine expo, ce sera en septembre à la Catho.
Pierre-Marie n’arrive pas à oublier l’ISA : « Quel plaisir quand j’y retourne ! Quelle émotion quand j’y suis accueilli à chaque fois avec beaucoup de sourires et d’amitié. » Beaucoup de collègues sont souvent dans son esprit. « Les citer tous serait long, ils sont bien une cinquantaine et je regarde souvent l’album photo qui m’a été offert à mon départ. Je ne citerai que Bruno, Pascal, Franck, Yannick, Franck, Christian, Eric (les deux), Sébastien, Christelle, Florence, Sophie, François, Guislaine- ils se reconnaîtront. »

 

Allez, concluons : « Pour moi, l’ISA, ça a été une vie professionnelle trépidante et passionnante, de magnifiques rencontres. J’ai fait des choses incroyables.
Et je ne remercierai jamais assez ceux qui m’ont fait confiance. » Un sacré personnage que ce Pierre-Marie! Une des figures emblématiques de l’ISA…, peut-être.

 

 

 

Propos recueillis par Odile DEVRED (Promo 1982, ISA 16)...et écrit à 4 mains avec Pierre-Marie!

 

Juillet 2024