Mlle Brice
DENISE BRICE : TEMOIN ENGAGEE, DEVOUEE, PASSIONNEE
Pendant plus de 50 ans, Mademoiselle Brice a arpenté les couloirs de l’ISA. Son chignon volumineux sur un front largement dégagé lui conférait une allure intemporelle. Son pas avenant traduisait sa tonicité… Elle fut associée à tous les projets. Alors, l’évolution de l’ISA, sa métamorphose en une grande école, elle l’a suivie de près, et des changements…, elle en a vu !
Denise Brice a gravi au fil de sa vie professionnelle les échelons de l’enseignement. Après le baccalauréat, elle a commencé sa carrière d’enseignante à Avelin, dans une école diocésaine qui regroupait tous les niveaux de la maternelle au CM2. Puis elle a enseigné au collège, à l’Ecole Normale diocésaine. En 1963, alors qu’elle est professeur à la Faculté libre des Sciences, Monsieur Borel vient la chercher et la nomme Responsable de la Première Année de cette nouvelle Ecole d’Agriculture qui voit le jour au sein de la Catho. Pour cette fille d’agriculteur, passionnée par la nature (et c’est peu dire ! puisqu’elle se lève à 6 heures pour s’occuper de son jardin avant de rejoindre l’ISA) ce projet lui tient à cœur. En 1970, Mademoiselle Brice passe sa thèse de doctorat, et après trente années d’enseignement, elle entre au CNRS comme Paléontologue spécialisée sur les Brachiopodes dévoniens. Elle ne quitte pas pour autant l’enseignement, puisqu’elle dispense gracieusement ses cours en contre partie de la mise à disposition d’un bureau et de crédits pour ses abonnements, ses missions et l’achat des matériels indispensables à ses recherches. Cette situation lui donne une grande liberté de parole au conseil d’administration auquel elle participe assidûment.
Que de souvenirs pour cette Dame à la mémoire précise. Elle garde de bons et heureux souvenirs de la première promo : des jeunes venus d’horizons divers et variés. Mademoiselle Brice assurait un suivi personnalisé des élèves de 1ère année : ceux qui n’avaient pas 6 à leur DS recevaient un devoir supplémentaire. A cette période, les devoirs de vacances existaient encore !...
Parce qu’elle pensait qu’il était important d’aller sur le terrain, le dimanche elle emmenait en excursion les jeunes étudiants de l’ISA, qui chantaient à tue-tête dans le bus. Le professeur de géologie (Mr Dubar ou Mlle Le Maître) la sommait de les faire taire ! Un temps où la discipline était de rigueur !... Avec le souvenir impérissable de la sanction appliquée au major d’une promo, traduit en conseil de discipline parce qu’il n’avait pas assisté au cours de Monsieur Dusautois. Une sentence qui a alors fait du bruit à l’ISA !
Denise Brice aimait l’esprit familial qui régnait à l’ISA, un cadre dans lequel on n’hésite pas à donner de son temps, où l’on sait travailler en équipe, et où l’on sait aussi remercier et faire la fête. Elle souhaitait que cet esprit perdure, afin de toujours former des ingénieurs ayant de vraies qualités humaines et managériales … et des chefs « capables de détecter les qualités de leurs collaborateurs et sachant leur déléguer des tâches qui les mettront en valeur » nous confiait t’elle avec conviction. Pour elle, les sciences fondamentales étaient un préalable indispensable à toute orientation car elles permettent réorientations, adaptation, compréhension d’un monde en perpétuel changement.
« SCIENCE SANS CONSCIENCE N’EST QUE RUINE DE L’AME… »
Faisant sienne cette pensée de François Rabelais, elle avait la certitude que l’ISA connaîtrait un grand avenir « si l’Ecole continue de prépare des personnalités qui ont un idéal de vie et sont capables d’écouter leur conscience ». Pour elle, les jeunes ingénieurs ISA auraient à relever le défi de nourrir le monde, notamment le continent africain, caractérisé par une démographie galopante.
En passant par Lille, l’Afghanistan, ou l’Arctique canadien, son long parcours ne s’est pas arrêté avec la retraite puisqu’elle travaillait à la rédaction d’un livre sur le Givétien. Sa carrière fut émaillée de nombreuses rencontres qu’elle aimait évoquer : Mademoiselle Le Maître, l’Abbé Heddebaut, l’Abbé de Lapparent, Messieurs Borel et Morel, Monsieur Dusautois, Pascal Codron … et bien sûr Monsieur Mistiaen. Sa devise du bonheur : « Faire plaisir rend heureux : ne pas hésiter à demander un service pour rendre autrui heureux… ». Merci Mlle BRICE.
Article rédigé par Odile DEVRED (Promo 1982 - ISA16)